Concert

04/05/2018 - 20:30

Uèi – polyphonies occitanes | electro

Dans le cadre du Forum des métiers du pays d’Oc organisé en partenariat avec la cité scolaire Bellevue-Albi et à l’occasion de la sortie du premier EP du groupe « Solèu d’argent », nous accueillons UEI.

“UEI signifie aujourd’hui”

Photographie du groupe UEI

Uèi signifie « aujourd’hui ». Et c’est l’aujourd’hui humain que ce groupe chante, celui des combats anonymes, des courses tragiques, des destins dérisoires de l’individu en quête de bonheur. C’est aussi l’homophone de « uelh » : l’oeil, celui qui observe les scandales sociaux, les drames humanitaires, la trajectoire funeste d’un monde désarticulé.

La musique de Uèi, la cridèsta, s’abreuve aux espaces sans bornes et aux cultures à la fois séculaires et contemporaines : celles des Caraïbes, de la Syrie, du Kurdistan ou du Sud des États-Unis, mais aussi de son territoire d’origine dont il chante sans concession la langue : l’Occitan. Dans ses mots, ce quartet d’anticipation livre des chroniques poétiques et militantes où les beats digitaux répondent aux entrelacs vocaux.

Rodin Kaufmann et Denis Sampieri, membres du fameux Còr de la Plana sont à l’origine de cette formation de quatre chanteurs-percussionnistes aguerris. Aux côtés d’Erwan Billon et de Guy Sampieri, ils chantent leur vision brute et poétique d’un monde en crise.  Sur scène, Uèi livre bataille avec des armes de sa propre conception : des percussions électroniques aux formes surprenantes et aux possibilités inédites.

Un univers engagé, très contemporain

Visuel du groupe UEI

Leur premier clip « ai mamà » rapportait la tragédie de Sivens au travers d’un montage poignant de vidéos d’archives. Le groupe Uèi poursuit ici avec une proposition cinématographique réalisée par Amic Bedel. Loin des clips plus légers qu’il a réalisé pour Aquaserge, Julien Gasc ou encore Katcross, le toulousain s’aventure ici sur le terrain du macabre. Dans un paysage où seuls la nature et les animaux semblent vouloir survivre, par de longs plans séquence caractéristiques de son style, il nous plonge au coeur de tableaux morbides mettant en scène des cadavres de soldats, figés dans leur instant de mort et depuis lequel ils nous adressent un discours intime dénué de remords.

L’esthétisation de la mort provoque indéniablement une forme d’indignation qui n’est pas nouvelle et qui n’a de cesse d’interroger depuis le “travelling de Kapo” jusqu’aux vidéos barbares de Daech, mais Amic Bedel préfère constater qu’ici justement “la facture cinématographique permet la respiration et le recul”. Quand à la guerre, elle ne permet aucun des deux, et c’est avec un cynisme assumé que les personnages, bourreaux perdus à leur propre jeu, s’en réjouissent.

Ce goût pour le cynisme et la violence assumés, on ne peut le contester au dancehall Jamaïcain ou au trap US… C’est en superposant ces deux styles que la musique de Manténguer riòta a été composée: un riddim lent, pesant, glacial, où la frappe du nyabinghi fraye le chemin à des drops profonds, et où les hurlements et les cloches peuvent rappeler par moments l’ambiance du “gothic dancehall” de Tommy Lee Sparta.

Les paroles de Manténguer riòta ne datent pas d’aujourd’hui, elles ont été écrites au 16ème siècle, période effroyable pour la France, marquée par de grands troubles (“riòta”), meurtrie par la famine et la guerre civile… Uèi propulse ainsi ce texte fulgurant, écrit par Pèir de Garros dans sa langue: l’occitan, dans notre époque où il trouve encore incontestablement un écho funeste. Il n’est donc pas question ici de Portmore ou de Kingston, du Yémen ou de la Syrie, mais bien du fait que la guerre ne se soucie ni de l’époque, ni du lieu

Premier EP – Soleu d’argent

Uèi prend note avec ce premier EP Solèu d’argent de ce qui caractérise déjà son désir musical et son mode d’expression, la cridèsta : chanter des textes qui engagent la raison sur une musique qui engage le corps. Par des nuages de cloud rap qui s’étiolent en dabke, par un dancehall teinté d’afro-beat ou de trap, la cridèsta se construit comme une musique populaire, engageante et engagée, une geste de chroniques humaines, mêlant tragédie et espoir, et dont cet album n’est que la première page…

UEI Album cover

MJC/Noctambule - Albi

13 rue de la République

Uèi – polyphonies occitanes | electro
4 mai 2018MJC/Noctambule
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  • DATE:
    4 mai 2018 à 20:30

Tarif:

12€ / 8€

Réservation:

Pour l’ensemble des spectacles, vous avez la possibilité de réserver à l’avance auprès du secrétariat de la MJC.