Faites que ces espaces existent encore…. pour des milliers d’années ! ♥
Mais quelle agréable semaine nous avons passé, avec les jeunes du stage « Expressions et utopies » du 2 au 6 mai dernier …
La finalité d’un joli projet autour de l’oralité des jeunes !
Avec l’appui financier d’Harmonie Mutuelle, ce projet avait débuté durant les mois de mars et avril par une phase de sensibilisation auprès des groupes de jeunes volontaires en service civique d’Unis Cité. Différentes séances autour de 4 pratiques : l’expression écrite, orale, corporelle et par la réflexion. Ces différentes pratiques ’imbriquaient autour d’un objectif commun : la parole comme outil d’émancipation, de citoyenneté et de démocratie. La thématique transversale étant l’Utopie pour que chaque jeune puisse continuer, malgré un contexte actuel assez sombre (climat, isolement, covid 19…), exprimer ses rêves et son imaginaire !
Les 4 intervenants professionnels ont poursuivi leurs missions sur un stage de 5 jours intensifs du 2 au 6 mai :
-Avec Marion Combes, comédienne et chanteuse, les jeunes ont pu travailler leur voix : la voix étant le support de la communication orale et pas seulement verbale. Elle est en partie l’expression de nos émotions et donne des indications sur notre personnalité. Elle est aussi une fenêtre sur notre santé physique ou psychique.
-Avec Maxime Estivals, animateur d’atelier d’écriture, les jeunes ont écrit un texte autour de la thématique de l’utopie où le choix des mots est une composante essentielle pour la préparation d’une présentation orale percutante tout en travaillant la musicalité et de la rythmique des phrases. Ils se sont appuyés sur les thématiques suivantes : « si j’étais président…. », « Mon île », « Rencontre avec un extra-terrestre »
-Avec Ezra Groenen, danseuse, acrobate aérienne, les jeunes se sont investis corporellement : en effet la posture corporelle permet de conscientiser l’image que nous renvoyons sur notre auditoire. Savoir respirer, se détendre., avoir conscience des appuis et du centre de gravité qui permettent l’équilibre ; gérer entre tonicité et souplesse pour rendre sa prestation énergique et ancrée dans le présent.
–Gilles Teston, animateur radio/médias et animateur de discussions à visée philosophique a permis aux jeunes de sortir les mots via les réflexions et les pensées grâce à l’élaboration d’un goûter philo en commun. Les jeunes réfléchissaient à des questions et ont discuté ensuite de ces interrogations autour de la thématique de l’utopie. Des moments de discussion denses animés avec les méthodes de l’éducation populaire suscitant la participation de chacun.e, L’intérêt pour les jeunes était de se retrouver dans un groupe plus hétéroclite, ajoutant à l’expression la diversité des points de vue.
Durant cette semaine, 7 jeunes âgés de 12 à 23 ans ont vécu au fil des séances de magnifiques moments d’expression, de partage, et de convivialité. Une semaine dense et très porteuse dans le sens où l’aisance des jeunes à l’oral s’est développée au fil des jours.
Une restitution mouvante débutant dans le superbe Hall de la MJC allant jusqu’au foyer en passant par l’étage et la cage d’escalier monumentale. Une restitution qui a bluffé le public de par la qualité des textes écrits par les jeunes que par l’émotion dégagée et l’aisance dont ont fait part ces jeunes à l’oral ! Une restitution où les jeunes ont engagés leurs corps dans différents espaces de la MJC, se sont confrontés au public en livrant leurs écrits « utopistes ». Bravo à eux ! Les jeunes ont même entrepris de faire participer le public lors d’un mini-atelier d’écriture autour de l’utopie … Que de beaux échanges !
Ci-dessous, le texte de Morice, simple observateur d’une séance d’expression corporelle et orale vécue par ces 7 jeunes ! Texte lu par l’ensemble des jeunes pour clôturer la restitution…… Une lecture vivement conseillée !
-Le dernier stage jeunesse de la MJC d’Albi-
>>> Ainsi, faites que ces espaces existent encore…. pour des milliers d’années !
Pour des milliers d’années
C’est joli ce qui se passe,
Ces corps qui bougent,
Qui se prélassent,
Qui se cherchent,
Qui hésitent puis se lancent,
S’élancent, se trouvent,
L’espace d’un instant, juste l’espace d’un tout petit instant,
De quelques secondes,
De quelques minutes, qui mises bout à bout deviendront des heures,
Qui deviendront des jours,
Et s’imprimeront dans les chairs pour des milliers d’années
Et pour les vies suivantes, et pour les vies suivantes.
C’est joli ce qui se passe,
Ces voix,
Ces rires,
Ces regards,
Qui ne se connaissaient ni d’Eve ni d’Adam, il y a quelques jours à peine,
Qui apprennent,
Apprennent à baisser les armes,
Les bras,
Puis à les relever,
À occuper l’espace comme des plantes qui ne savent pas par où pousser,
Qui se dirigent vers le soleil,
Cette boule de feu qui les appelle,
Le vivant,
L’élan,
La chaleur,
Le froissement de la terre sous les pieds,
Les racines arborescentes,
Les fleurs et les fruits qu’elles donneront le printemps ou l’été prochain.
C’est joli ce qui se passe,
La poésie des bras et des jambes,
La poésie innocente,
Qui ne sait pas qu’elle est si belle,
Qui ne sait pas tout ce qu’elle dit,
Qui n’a pas conscience d’être poésie,
Qui essaye d’être,
Qui essaye de faire,
Essaye de dire,
Essaye de montrer
Et qui réussit sans même savoir qu’elle réussit.
C’est joli ce qui se passe,
Ces corps qui se touchent,
Qui osent oser,
Se coucher,
Danser du bout des lèvres,
Murmurer du bout des doigts,
Qui poussent sur le sol comme pour le faire s’effondrer,
Comme pour s’en extraire,
Comme pour aller caler leur tête entre deux nuages qui voyagent, qui voyagent,
Ces corps qui font groupe,
Qui n’en forme plus qu’un seul,
Les mains sur les épaules de l’autre,
L’autre qui ne fait plus peur,
L’autre qui nous ressemble tant.
Les pieds dandinent,
Les bouches se décrispent,
Les visages se cachent,
Apparaissent et disparaissent derrière un rideau noir,
Les fesses se posent sur des barres de danse,
Les bras se croisent et se décroisent,
Et croient et croissent.
Et ces corps inconnus deviennent une tribu.
C’est joli ce qui se passe,
Ça n’a pas de prix,
Ça ne se facture pas,
Ça ne rentre pas dans un bilan de compétence,
Dans un bilan d’activité,
Dans un tableur,
Ça ne se vend pas,
Ça ne s’achète pas,
Ça ne s’inventorise pas,
Ça ne se compte pas,
Ça se conte comme ceux de Perrault,
Juste ça se conte,
Comme une belle histoire,
Comme un conte léger,
Une fable sans morale,
Un souvenir sucré,
Des regards un peu tristes parfois,
L’enfance qui revient.
Ça ne se compte pas,
Ça se contente d’être,
Maladroit,
Gracieux,
Rêveur,
Timide,
Vivant,
Inhibé,
Désorganisé,
Culotté,
Insolent de vie,
Ça se contente d’être
Et c’est ce qui est joli.
Faites que ces espaces existent encore,
Pour conter,
Pour raconter,
Pour égrainer le temps,
L’espace,
Pour lui donner forme,
Pour lui redonner vie,
Hors des cadres,
Hors des attentes,
Hors des conventions,
Pour rappeler que ça aussi c’est faire société,
Pour apprendre à jouer,
Pour apprendre à s’aimer,
Pour des milliers d’années,
Pour des milliers d’années.
Morice