Publié le 28 juin 2019
Ateliers / Jeunesse / Spectacles

Ça foisonne, ça fourmille… et ça manipule à la MJC d’Albi !

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Association du champ de l’éducation populaire, la MJC d’Albi porte une attention particulière au fait que des choses se croisent au sein de la Maison ; des paroles, des personnes, des regards, qui s’échangent et se partagent. Pour la petite histoire, la MJC accueil depuis 20 ans un atelier de danse Hip-Hop mené par l’AJDR en lien avec le CSDA (Centre Spécialisé Déficients Auditifs), à destination de jeunes sourds ou malentendants. Afin de nouer des liens avec les jeunes participant à cet atelier, et d’apprendre à mieux les connaître, l’équipe de la MJC leur a proposé de participer au Bazar 2017, un festival autour des pratiques artistiques amateurs organisé par la Confédération des MJC de France et la Fédération régionale des MJC Midi-Pyrénées, sur l’agglomération de Rodez. 6 jeunes ont participé à l’évènement autour d’un atelier de création de danse hip-hop – en se mêlant à de jeunes entendants issus d’une MJC des Pyrénées. Cette expérience a nourri leur curiosité pour la diversité des pratiques culturelles. Une petite graine était plantée, prête à germer…

La même année, Mathilde de la Cie la Bobêche anime un stage marionnettes entre nos murs, auprès d’enfants, et des envies de projet naissent … Alors Hop ! On organise une sortie avec les jeunes du CSDA pour aller voir le spectacle « M. Wilson » de la Cie et là … L’idée d’un atelier qui réunirait le public de la MJC et les jeunes sourds et malentendants autour de la marionnette voit le jour !

Convaincus que l’expression artistique et culturelle est un langage universel et qu’il est utile de permettre à tout un chacun d’exprimer sa sensibilité et sa singularité, la MJC, le CSDA et la cie la Bobêche se sont associés pour proposer ce projet de création d’un « Cabaret Marionnettique ». Une dizaine de jeunes de 13 à 17 ans, sourds et entendants, se réunissent à la MJC depuis quelques mois, ils manipulent différents types de marionnettes, créent des scénarii, improvisent et fabriquent leurs propres marionnettes… Différentes étapes pour leur permettre de s’approprier cette technique artistique.

En parallèle de ce projet, la Cie la Bobêche a engagé, cette année, un travail sur une nouvelle création : « Du Balai ! », et a été accueilli à la MJC sur des temps de résidence. La réflexion sur l’élaboration de langages communs menée pendant les ateliers a également nourrit la création de la Cie, dont la ligne artistique se construit autour du langage visuel.

Interview avec quelques jeunes de l’atelier marionnette, Nadège éducatrice du CSDA, Milou et Mathilde comédiennes de la Cie la Bobêche, intervenante sur l’atelier, et Julie, praticienne du spectacle vivant, en formation auprès de Mathilde sur l’art de la marionnette :

 

Pour commencer je voulais savoir un peu comment vous vous étiez tous retrouvé dans ce projet ?

Milou – C’est Mathilde qui me l’a proposé, comme elle connaissait déjà la MJC et qu’on travaille ensemble. C’est intéressant comme thème, des jeunes adolescents sourds et entendants qui se rencontrent et voir comment ça peut arriver à opérer à travers les marionnettes, donc j’ai dit oui de suite !

Julie – Pour ma part j’ai rencontré Mathilde, qui m’a fait découvrir la marionnette. J’ai adoré cette découverte, donc elle a proposé de me former, elle avait besoin de quelqu’un de pédagogue aussi, car elle a pas mal de projets, d’intervention en classes…Et moi j’étais en recherche de ce type de choses donc j’étais ravie, j’avais envie d’apprendre pleins de choses sur les marionnettes, Mathilde avait envie de transmettre donc ça a été un bel échange.

Marion – Notre professeur Véronique nous à montrer du théâtre, on a trouvé ça intéressant du coup elle nous a proposé de venir ici. On a eu envie d’essayer et maintenant on trouve ça intéressant.

Comment avez-vous abordé la mise en relation de ce groupe de jeunes ?

Nadège – Au début la communication était un peu difficile, il y a eu des gens qui sont venus, qui sont partis, ce n’était pas évident pour constituer le groupe. Après, une fois que le groupe s’est vraiment formé, c’est là que les échanges ont vraiment pu se créer. Le groupe qui reste se connait mieux et est plus en confiance.

Joseph – Ce qui est bien au début des ateliers, c’est qu’avant de se mettre au travail il y a toujours un petit temps où on s’assoie dans le coin canapé pour discuter un peu tous ensemble. Comme ça tout le monde communique.

Mathilde – Oui maintenant le groupe est bien formé et ça rigole au moins autant que ça travail ahah !

Comment vous avez travaillé pour faire découvrir la marionnette aux jeunes ?

Milou – En premier on a fait plusieurs thèmes, des exercices découverte des marionnettes, on leur a fait découvrir qu’il existait plusieurs styles de marionnettes différents, les marionnettes portées, les marionnettes ver, les marionnettes sac… Ensuite ce qui était important c’était de trouver un thème qui fasse que les sourds et entendants se retrouvent. Déjà les adolescents c’est difficile ça a tendance à se replier sur soit même, donc la marionnette c’était un outil parfait. Comment ils ont pu créer petit à petit des relations à travers des binômes de marionnettes, des regards… Les sourds ont la tendance de se replier derrière les signes, c’est plus facile et les entendants ont la tendance à beaucoup parler alors que nous on travaille sur le visuel et c’est le visuel qui a fait le langage commun. Les expressions du corps, ils se sont retrouvé là-dessus c’est ça qui est intéressant. On a travaillé plusieurs séquences, d’abord découverte des marionnettes, ensuite on a fait la fabrication, chacun a pu fabriquer sa marionnette et ensuite la préparation du spectacle, c’était les trois thèmes, les trois axes principaux.

Mathilde – On leur a montré des vidéos également, pour développer leur culture de la marionnette. Qu’ils puissent voir que ce n’est pas un art uniquement destiné aux enfants, que ça peut prendre beaucoup de formes. Et aussi, le fait qu’ils aient pu fabriquer leur propre marionnette a aidé à l’appropriation de la technique.

Kévin – C’est important que sur les deux marionnettistes il y en ait une sourde et une entendante, ça permet de mieux croiser la communication et les apprentissages.

Vous avez fait un peu d’improvisation aussi, au début, c’est ça ?

Kévin – Oui c’était intéressant. Mais la partie théâtrale ça fait quand même un peu peur, de s’exposer.

Quel est votre ressentit sur l’atelier marionnette/ L’art de la marionnette ?

Joseph – Ben c’est très bien mais le seul hic, c’est qu’à la fin on est souvent fatigué, il faut être assez endurant. Il faut être concentré, précis. Pour la création, pour jouer … Parce que si on n’est pas précis ça peut devenir un petit peu tout et n’importe quoi.

Julie – Je trouve ça super intéressant de pouvoir être dans cette neutralité du corps et pourtant toutes les choses qui se vivent, pouvoir les donner à un personnage qui lui, va vivre les choses pour nous, et j’ai trouvé ça hyper touchant toutes les émotions d’une marionnette alors que c’est un objet, le fait de rendre cet objet-là vivant…  Tout ce que ça peut transmettre, un objet dont pourtant les émotions ne changent pas, ses yeux, son corps, tout est figé et pourtant il peut aller dans de la tristesse, dans de la colère et je trouve ça… en fonction de comment on va bouger notre main…  C’est incroyable. Et même les ados, en fonction de comment ils sont eux, comment ils vont faire jouer leur marionnette ça va être différents. On n’a pas besoin de dire pour donner, pour transmettre, Je trouve que c’est un bel outil… Ils s’expriment quoi ! et ils renvoient beaucoup d’eux, on joue quelque part ce qu’on est dans la vie aussi, sur un plateau, derrière sa marionnette, caché derrière sa marionnette. Donc c’est plus facile d’aller assumer quelque chose que l’on n’assume pas en soit puisque c’est la marionnette qui le joue.

Le 19 décembre dernier, nous avons eu la chance d’assister à une restitution du travail engagé, dans la salle du Noctambule à la MJC, nous pouvons déjà vous dire que … ça promet !!

Quand on vous dit que la MJC est un lieu de rencontre et que, de ces rencontres naissent de beaux projets… Eh bien plutôt que de le dire, nous vous invitons à venir découvrir le « Cabaret Marionnettique » le mercredi 03 juillet à la MJC d’Albi et le jeudi 04 juillet au CSDA !

Soirée gratuite et ouverte à tous.